Révision de la Constitution du Mali : La difficile quête de l’inclusivité

Le décret signé du Président de la Transition, le 10 Juin dernier, annonçant la création et la mise en place de la Commission de rédaction de la nouvelle Constitution du Mali ne semble pas avoir l’adhésion de certains acteurs, qui estiment que la démarche en cours est loin d’être inclusive et consensuelle.

« Le pouvoir actuel décrète, unilatéralement, la constitution d’une commission de révision. La pilule passe difficilement au sein des partis politiques. Les plus virulents montent aux créneaux pour dénoncer ce qui pourrait, selon eux, être la cause d’une grogne populaire. Ils regrettent l’absence de concertation de l’ensemble de la classe politique sur un sujet aussi existentiel pour la nation », a rappelé Dr Dougoumé Moussa, dans les colonnes de l’hebdomadaire Le Pélican.

En effet, la signature du décret portant création, mission organisation et fonctionnement de la commission de rédaction de la nouvelle Constitution du Mali, le 10 Juin 2022, par le Président de la Transition Assimi Goita, largement partagé sur les réseaux sociaux, a surpris de nombreux observateurs de la scène publique nationale, notamment les plus avertis à la gestion des affaires de l’Etat. Tout simplement, parce que les forces vives politiques et sociales du pays n’y étaient nullement imprégnées, au préalable, de la prise de telle décision importante pour la vie de la nation. 

Le décret portant création de la commission de rédaction de la nouvelle constitution est unilatérale, a estimé le Dr Dougoumé Moussa. Pour lui, la révision de la Constitution est, peut-être, indispensable dans l’avenir.  Il pense que le laps de temps dévolu à la Transition peut permettre de mener les multiples chantiers ouverts, notamment les projets de réformes politiques et institutionnelles. 

« La Transition n’a ni le temps ni la mission de réviser la Loi fondamentale. Une telle révision ne peut être décidée et effectuée à la hâte tant les enjeux sont importants. Il faut, si l’on veut prendre en compte nos réalités et adapter la Constitution, prendre le temps de murir les réflexions sur les questions cruciales sur la Refondation de l’État », a-t-il préconisé.

Pour sa part, Mme Doumbia Mama Koité, présidente du réseau MUSONET, non moins présidente des femmes leaders du Mali, n’a pas caché ses attentes à l’aune de l’élaboration de la nouvelle Constitution. Connue pour son engagement dans la lutte contre les violences basées sur le genre et pour les droits des femmes, Mama Koité espère voir qu’on puisse prendre en compte la cause de la gente féminine dans la future Constitution. « Nous voulons, désormais, la parité entre homme et femme, en lieu et place de la loi 052. Telle est notre ambition », nous a-t-elle confié.

D’autres observateurs de la scène publique nationale estiment également que le contexte actuel du pays, marqué par une situation sécuritaire tendue, ne sied pas à la révision de la Constitution. Ils soutiennent mordicus que la priorité des priorités devrait être, pour la Transition, la quête de la sécurité des personnes et de leurs biens, aussi le retour des déplacés internes et externes dans leurs villages et hameaux d’origines. 

Mis en ensemble et au regard des différentes tentatives de révision de la Constitution, soldées toutes par un échec. La dernière en date, est celle initiée par le président Ibrahim Boubacar Keita en 2017, éclaboussée par des manifestations populaires du Mouvement ‘’An Tè A Bana’’, ou encore, de ‘’Ne Touche Pas à Ma Constitution’’. Auparavant, les pouvoirs démocratiques successifs à savoir celui d’Alpha Oumar Konaré et d’Amadou Toumani Touré n’ont pu réussi à faire adopter une nouvelle constitution. C’est dire que la quête de l’inclusivité ou du consensus tout court, se révèle comme une mer difficile à boire surtout en cette période de transition émaillée de crispation politique.

Ousmane Morba pour Maliexpress.net

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *